Hardelot: Frigide Barjot parle un peu de Dieu et beaucoup de politique dans l'église | La Voix du Nord, 31 juillet 2013
Promis, Frigide Barjot, figure emblématique de la lutte contre le mariage homosexuel devait parler de sa conversion récente au catholicisme. Mais mardi dans l'église d'Hardelot, la conférence s'est vite transformée en tribune politique pour son nouveau mouvement qui veut influer sur les programmes des futurs candidats aux élections. Le président de la République, et sa compagne, en ont pris pour leur grade. Tout cela face au prêtre, imperturbable…
Dans l'église Saint-Augustin d'Hardelot, la conférence a débuté par un « Je vous salue Marie ». Elle s'est achevée par une critique en règle du pouvoir en place et un appel aux dons pour un mouvement à visée électorale. Frigide Barjot a osé le grand écart, mardi soir, dans le lieu de culte. Et ça n'a pas eu l'air de déranger grand monde. Même pas l'abbé Henri-Philippe Delcourt qui a remercié l'égérie de la Manif pour tous de sa présence sous la croix et à la droite de la vierge. En même temps, il était prévisible que cette conférence dérape même si Bernard Pierard, le responsable laïc qui avait programmé l'événement avait été bien clair avec nous en début de soirée. « Elle n'est pas venue parler de son combat contre le mariage homosexuel. Cette conférence est prévue depuis un an, bien avant donc les événements. Frigide Barjot vient nous parler de son éveil à Dieu, après la publication de son livreConfessions d'une catho branchée ». »
SIDA : la fidélité d'abord
Pendant 25 minutes, l'ancienne humoriste, de son vrai nom Virginie Tellenne, a effectivement parlé de sa conversion, dans des termes choisis et assez émouvants. « J'étais dans la rue (spirituellement parlant NDLR), vous comprenez ce que je veux dire, qui était dans la rue aussi ? », interroge-t-elle. En réponse, des dizaines de doigts se lèvent dans l'assistance. Celle qui ne « veut pas toucher aux dogmes », sait donner un coup de fouet aux fidèles. Elle raconte aussi sa défense de Benoît XVI, est persuadée que le scandale Williamson a été fomenté par la journaliste Caroline Fourest au moment où le pape voulait ramener la fraternité Saint-Pie X dans le giron de Rome. Quant au préservatif, c'est évident : « Ce qui protège le mieux des maladies mortelles, c'est la fidélité ». On lui pardonnera car elle parle devant la communauté hardelotoise. Benoît XVI avait, lui, tenu ces propos polémiques en se rendant au Cameroun, pays ravagé par le SIDA.
« Un miracle »
On n'en saura pas plus de son amour pour Dieu. Dès 21 h, Frigide Barjot entame le récit de la période « Mariage pour tous ». Pour elle, ce qui s'est passé en France « est un miracle, le monde entier ne comprend pas ce qui s'est passé ». Elle indigne l'assistance : « Depuis le 19 mai, il est légal de faire des enfants sans relations sexuelles », avant de tempérer, « la GPA et la PMA ne sont pas votées mais le principe est ouvert ». Alors que Frigide Barjot ne fait plus partie de la Manif pour tous, elle a lancé son mouvement « L'avenir pour tous ». Il ne s'agit pas d'un parti politique, même si on ne sait pas encore si elle va se présenter aux prochaines européennes. « On vous demande d'écrire le programme de vos élus aux municipales. Allez voir vos candidats pour porter notre programme de la réforme constitutionnel du mariage ».
Les ragots de la voisine
L'un de ses objectifs : faire inscrire le mariage homme-femme dans la constitution pour détricoter le mariage pour tous. François Hollande n'est jamais loin dans les cibles de l'égérie catho. « François Hollande est clairement sous la coupe financière de Pierre Bergé ». Et aussi de sa « femme », « non sa compagne », « comment on dit déjà ? ». Tout de suite elle enchaîne sur la menace d'expulsion de son logement HLM par la mairie de Paris. « Mme Trierweiller se fait masser par un kiné qui masse ma voisine. Et elle aime bien les ragots ma voisine. La dernière fois, elle m'a dit : Virginie, Mme Hollande a dit au masseur, la Barjot, elle gardera pas son appartement donc, mes problèmes viennent du château… »
À la fin de la soirée, pendant que l'invitée dédicace ses livres, on interroge l'abbé Delcourt sur les propos politiques tenus dans son église. Il finit par s'énerver. « J'ai voté Hollande et je le regrette. J'ai été déçu, j'ai été roulé et je ne suis pas le seul. »