Frigide Barjot ne veut « pas se laisser avoir une nouvelle fois » | leJDD.fr, 15 novembre 2013
L'ancienne porte-parole de La Manif Pour Tous célèbrera dimanche l'anniversaire de la première manifestation contre le mariage homosexuel lors d'un meeting à la fois festif et revendicatif. Avec une volonté affichée de « calmer le jeu » et de ripoliner son discours.
Il y a tout juste un an, la première manifestation contre la loi Taubira et le mariage pour tous battait les pavés des grandes villes françaises, lançant le début d'une contestation qui allait durer plusieurs mois, jusqu'au vote de la loi, le 23 avril dernier. Aujourd’hui, Frigide Barjot n'a pas rendu les armes et organise dimanche 17 novembre un meeting de célébration, tout en se défendant farouchement de fêter l'anniversaire de La Manif Pour Tous (LMPT). Ce temps-là, « c'est fini, ce n'est plus la même chose », plaide auprès du JDD.fr celle qui est devenue en quelques mois le mouton noir du mouvement. « J'étais porte-parole, on m'a enlevé la parole. Il ne me restait plus que la porte », ironise-t-elle pour commenter son éviction.
Peu importe, Frigide Barjot sait rebondir : elle a lancé il y a plusieurs mois L'Avenir pour tous, un collectif d'associations qui rassemble des opposants « plus modérés » à la loi Taubira. C'est donc sous les couleurs de ce collectif qu'elle entend organiser « dans un esprit festif ce meeting-anniversaire ». Parallèlement, celle qui « ne lâchera rien » lancera dimanche un mouvement dans le mouvement, intitulé « Mouvement pour Tous-nés d'un homme et d'une femme ». Son noyau dur? « Tous ceux qui sont contre la loi Taubira mais qui ne discriminent pas les couples hommes-hommes et femmes-femmes », précise-t-elle, et qui souhaitent « un référendum pour la constitutionnalisation du mariage et de la filiation. »
En clair, « on ne conteste pas l'éducation des enfants par des couples homosexuels », mais l'anonymat des géniteurs. Pas d'abrogation pure et simple de la loi non plus, « car il y a des choses qui sont bonnes », mais plutôt des ajustements, avec la revendication d'une union civile en toile de fond.
Avec quels leviers d'actions? « Le peuple », encore et toujours. « Nous voulons continuer de mettre une pression citoyenne sur les partis politiques » et par là-même, peser sur les élections municipales et européennes. Tout en réfutant l'idée d'un engagement sur les listes électorales : « Nous ne sommes ni de gauche, ni de droite, ça restreindrait notre action », explique-t-elle. « Nous voulons en revanche discuter avec tous les partis », tout en ayant conscience que « ce sera beaucoup plus compliqué avec l'extrême gauche et la gauche. »
Quid d'une potentielle alliance avec Nicolas Dupont-Aignan et son parti souverainiste Debout la République? « J'espère seulement qu'il viendra au meeting de dimanche », esquive Frigide Barjot, qui assure qu'elle sollicitera sa présence. Bien consciente des dangers d'une récupération politique et de « la droitisation extrême du débat », Frigide Barjot ne veut plus se laisser berner. Une volonté affichée jusque dans le choix de l'hymne du mouvement : la chanson de The Who, groupe mythique des années 70, et leur « We won't get fooled again. » En Français dans le texte : « On ne se laissera pas avoir une nouvelle fois ».