Frigide Barjot : « Cette défiance vis-à-vis de Benoît XVI m’est insupportable » | Famille Chrétienne, 17 avril 2009
Frigide Barjot, humoriste grinçante et décalée, est à l’origine du premier « Benoîthon », initiative de soutien au pape Benoît XVI qui a eu lieu dimanche 19 avril sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Pour Famillechrétienne.fr, elle retrace la genèse de ce projet insolite et redit son indignation face aux attaques dont a été l’objet le Saint-Père, qui a fêté ce même 19 avril sa 4e année de pontificat.
Comment est né le projet du « Benoîthon » ?
Ce projet est en gestation depuis le début des attaques contre Benoît XVI, c’est-à-dire fin janvier 2009. C'est l'aboutissement de plusieurs projets dont le premier que j'ai initié,« Touche pas à mon pape ». Au moment de la levée des excommunications des quatre évêques lefebvristes et de l'affaire des propos négationnistes de Mgr Williamson, je trouvais qu'il n'y avait pas beaucoup de réactions de la part des catholiques si ce n'est négatives.
Avec mon mari Basile de Koch, nous pratiquons plutôt le décalage, le détournement, la dérision, nous sommes donc partis spontanément sur « Touche pas à mon pape » et avons créé un espace surFacebook. Là, nous nous sommes rendus compte que des multitudes de groupes s'étaient créés pour défendre Benoît XVI. Mais tous ces groupes agissaient un peu chacun de leur côté. Nous essayons de les fédérer car nous, laïcs, voulons soutenir le Saint-Père de manière publique. Nous voulons être un relais de communication face à un monde athée qui ne comprend rien au message de l'Église et qui, surtout, ne veut pas comprendre.
Comment tout cela s'est-il mis en place ?
J'ai rencontré les gens d'Unitas et d'Anuncioblog. En voyant mon tee-shirt « Touche pas à mon pape », ils m'ont dit : « C'est génial ». Ce à quoi, j'ai répondu : « Il faut faire mieux et créer un lieu où les gens puissent s'exprimer ». C'est ainsi qu'à vu le jour le sitebenoitjaiconfianceentoi.org où, à l'heure actuelle, nous avons récolté plus de 30 000 messages d'amour adressés au Pape, des messages à tomber par terre, à pleurer même pour certains.
Espérez-vous une mobilisation importante pour le « Benoîthon » de dimanche ?
Je l’espère ! C’est le dimanche de la Divine miséricorde ainsi que le 4e anniversaire de l’accession au pontificat de Benoît XVI. Néanmoins, je ne sous-estime pas l’impact des vacances ainsi que le peu de goût du catholique pour la démonstration. Pourtant, il est temps de nous montrer car notre société demande de l’image.
En même temps, ce n’est pas la quantité qui compte dans l’Église catholique, c’est la qualité. Qu’est-ce que cela peut faire que certains veuillent se faire « débaptiser » si ceux qui restent croient vraiment en Jésus, l’Esprit Saint et l’Église ?
Enfin, avec cette journée et les outils Internet que nous avons mis en place, nous voulons récolter de l’argent pour aider l’Église catholique dans sa lutte contre le sida. Il faut quand même bien rappeler qu’elle est la première ONG mondiale qui fait reculer le sida dans les pays où elle le combat.
L’Eglise n’est pas un disitributeur de préservatifs ; elle est une éducatrice à la vie.
Qu'est-ce qui vous a blessée dans ces attaques dont a été l'objet Benoît XVI ?
Tout ! Mais ce qui m'a peut-être le plus touchée, ce sont les attaques qui sont venues du milieu catholique lui-même. Le déclic pour moi, l'événement qui m'a fait hurler, c'est la pétition « Pas de négationnistes dans l'Église ». Qui peut imaginer une demi-seconde que Benoît XVI veut faire rentrer un négationniste dans l'Église ? Le fait même de le dire est inadmissible pour moi. Pour moi, cela a également été insupportable de lire des tribunes comme celle de Matthieu Grimpret où il affirme, dans le Monde, « J'ai honte d'être catholique ». Cette défiance vis-à-vis du Saint-Père est difficile à accepter lorsqu’on sait que Benoît XVI ne cherche qu’à réunir son Église.
Qu'est-ce qui vous touche dans la personne de Benoît XVI et qui vous pousse à le défendre ?
C'est son immense humilité, sa douceur et sa bonté. Comment peut-on dire que cet homme veut du mal à la terre entière, le traiter d'assassin, de meurtrier d'homosexuels ? Comment peut-on penser qu'il tente d'introduire des négationnistes dans l'Eglise alors que le père de Benoît XVI a lutté contre le régime nazi et que lui-même a été enrôlé de force dans les jeunesses hitlériennes ?
Ce qui est insupportable, c'est tant d'injustices concentrées sur cet homme, cette manière de tordre sa personnalité pour en faire une espèce de monstre totalitaire, antisémite, etc… De plus, il a un gros défaut dans notre monde contemporain : Benoît XVI est un intellectuel ! La bonté, la douceur, plus un gros cerveau, c'est trop pour certains !
Récemment, j'ai d’ailleurs créé un tee-shirt avec cette citation de Simone Weil qui va parfaitement à Benoît XVI : « La foi, c'est l'intelligence éclairée par l'amour ». Ca, c'est Benoît XVI !